Je n’ai jamais beaucoup aimé les comédies françaises, excepté celles de Klapisch.
Je leur préfère le cinéma d’auteur de Truffaut, Godard, Sautet ou les films de Jacques
Audiard, Christophe Honoré ou encore Desplechin.
Mais le film de Noémie Lvovsky, Camille
Redouble, est beaucoup plus qu’une comédie. C’est un film lumineux,
empreint de grâce et de poésie. Un film magique qui a le pouvoir de vous
enchanter et auquel vous repenser, bien après la projection, le sourire aux lèvres. Tour à tour drôle et émouvant, il vous
replonge avec délicatesse dans les années lycée et interroge le temps qui passe
avec justesse.
Camille a 40 ans. Pseudo comédienne très portée sur le whisky, elle se fait
larguer par Eric, son mari depuis plus de 25 ans, rencontré au lycée. Le soir
de la St Sylvestre, après une nuit très arrosée, Camille se réveille…à l’âge de
16 ans. Elle retrouve alors le chemin de l’adolescence, ses parents, les bancs du
lycée, ses copines …. ainsi qu’Eric. Camille va t’elle revivre son passé de la
même façon ou tenter de le changer ? Réussira t’elle à ne
pas reproduire les mêmes erreurs ? A savourer les moments qu’elle sait
fugaces ? C’est ce que le film nous raconte avec beaucoup de sensibilité.
Ce qui est fantastique, c’est de se retrouver propulsé à l’âge de 16 ans
avec la maturité et l’expérience d’une femme de 40 ans. Camille « redouble »,
observant et re-vivant avec émerveillement son adolescence : Les cours de physique,
qui l’ennuyaient à l’époque, prennent une nouvelle dimension quand elle y
cherche une explication rationnelle à son come -back dans le passé ; Les moments
passés avec ses parents sont vécus comme des instants magiques : Camille les savoure
avec un sourire béat, notamment ceux avec sa mère, dont elle sait la mort
imminente, allant même jusqu’à enregistrer sa voix dans un magnétophone…. magnifique
scène d’émotion ; Et puis il y a Eric, son futur ex : chaque scénette
entre elle et lui imprègne la pellicule de romantisme empreint de comique.
Camille oscille entre le désir de revivre les prémices de son premier/unique amour
ou celui de le rejeter, sachant que, bien des années plus tard, Eric la
quittera et lui brisera le cœur.
Avec Camille Redouble, on se met à repenser à ses années lycée avec nostalgie, et
surtout, à l’idée que notre adolescence conditionne notre vie adulte. Le film
de Noémie
Lvovsky possède cette grâce qui nous fait
observer cette époque avec tendresse et nous poser la question : si je me
retrouvais propulsée 20 ans en arrière, comment appréhenderai-je mes 15 ans ?
Enfin, au delà de son talent de réalisatrice, je voudrais saluer Noémie Lvovsky l’actrice (à voir aussi dans Ma femme est une actrice, Les beaux gosses, L’apollonide….) qui signe Camille Redouble de sa présence exceptionnelle.