samedi 26 mars 2011

Page Blanche

Si le noir et le gris étaient à l’honneur ces deux dernières années, la couleur et le blanc déferlent sur les podiums pour le printemps / été 2011.

Résolument en phase avec notre époque, la Mode est le miroir de la société et du moral des consommateurs. Après des années marquées par la crise économique, l’optimisme revient à la Mode. Ce retour à la joie de vivre s’exprime à travers la quadrichromie qui fait son come back dans les collections. Le noir, couleur phare des dernières saisons empreintes de morosité, est délaissé.

A côté des teintes vives, fluos, flashys et autres aplats de couleur qui ont envahi les silhouettes estivales, le blanc, qui n’a jamais été autant plébiscité par les créateurs, s’affiche comme LA couleur la plus tendance de ce printemps - été 2011 : Alexander Wang a banni le noir, pourtant sa couleur fétiche !, de sa collection ("There's no black, I was looking for something optimistic, something pure." ), proposant un défilé en total look blanc, à l’instar du duo Dolce & Gabanna. Les femmes Chloé et Céline délaissent le camel, pourtant si désirable, pour s’emparer de la teinte virginale. Alexander MCQueen, Calvin Klein …. Et bien d’autres, se sont eux aussi tournés vers le blanc.

Le blanc, synonyme de pureté et d’optimisme, s’affiche comme un symbole de paix voire de nouveau départ. Il revendique un nouvel état d’esprit : plus positif, plus léger, davantage tourné vers le plaisir. Rien de surprenant donc à ce que la couleur, et notamment le blanc, signent l’allure de l’été à venir, symbolisant un retour à la sérénité, au calme et à un certain classicisme destiné à rassurer les consommateurs traumatisés par la dépression économique des deux dernières années.

Le blanc, symbole aussi d’élégance, de minimalisme et de sobriété, est bel et bien le reflet de la société actuelle, qui, bien que se tournant petit à petit vers une vision positive de l’avenir, rejette néanmoins tout signe d’ostentation, de frime, de futilité et d’attitude bling bling.

Le blanc séduit, inspire, et marque résolument le début d’une nouvelle décennie : celle d’une période post-récession.
De gauche à droite : Céline, Dolce & Gabanna, Alexander Wang, Alexander McQueen - Défilés Printemps/Eté 2011
Si le blanc revient en force cette saison, il n’a, néanmoins, jamais perdu de son aura et a toujours fasciné les créateurs. Le blanc a traversé le 20ème siècle et insufflé aux couturiers une vision toujours chargée de symboles :

En 1920, Coco Chanel invente un nouveau style, une nouvelle allure. Ses créations avant-gardistes, très sobres, contrastent avec celles que portent les élégantes de l’époque et érige le noir et blanc en symbole de nouveauté, d’élégance, de sophistication retenue. Aujourd’hui encore, ces deux teintes évoquent, à travers le monde,  le chic absolu.

Dans les années 60, André Courrèges et Pierre Cardin se sont emparés du blanc qui représentait, à l’époque, le progrès, la liberté, l’audace. Un esprit avant-gardiste et futuriste en phase avec la libération de la femme.
A gauche : silhouette Pierre Cardin - A droite : silhouettes André Courrèges - Photos des années 60
Le blanc s’est ensuite invité dans la mode des années 80, incarnant le courant minimalisme initié par Calvin Klein.

Il symbolise également de nos jours la mode des créateurs Belges venus d’Anvers : Ann Demeulemeester, Kries Van Assche, Martin Margiela…. Lorsque l’on regarde leurs créations, la première chose qui saute aux yeux est le choix de leur palette de couleur dominée par le noir et le blanc. Les créateurs Belges sont d’une grande discrétion, le « show-off » ne les intéresse pas. Leur volonté est à chaque fois la même : que le client ne porte l’attention que sur le vêtement et l’aspect créatif de celui-ci.
Silhouette 1 : Kries Van Assche - Silhouettes 2, 3, 4 : Martin Margiela

En conclusion, le blanc est perçu comme une philosophie de vie, et s’affiche comme un véritable lifestyle.

En revanche, si la mode est résolument ancrée dans l’air du temps, on peut alors s’interroger sur la transposition du podium à la rue. En effet, même si le blanc s’avère être LA tendance pressentie pour le printemps–été 2011, le noir, couleur de deuil, reflet d’un monde qui va mal, ne risque t’il pas de prendre le pas sur le blanc, au regard des événements dramatiques qui secouent le monde actuel ? (Tremblement de terre, tsunamie et catastrophe nucléaire au Japon, révolutions Arabes, Guerre en Lybie….)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire