dimanche 3 avril 2011

In Between

Guy Bourdin est probablement le photographe publicitaire le plus adulé des quarante dernières années. Connu principalement pour ses images de mode parues dans Vogue dans les années 1970 et ses publicités pour les chaussures Charles Jourdan, Guy Bourdin a élaboré un  style singulier que tentent aujourd’hui encore d’égaler photographes, artistes, cinéastes.

A l’occasion de la sortie du livre In Between édité par Shelly Verthime qui rend hommage à la singularité de l’artiste et à la pérennité de son influence sur la photo de mode, j’ai eu envie de vous parler de ce photographe de génie.


Le travail de Bourdin se caractérise par un fantastique sens de la mise en scène, une composition rigoureuse et graphique, une maîtrise des couleurs vives. Ces photos sont des tableaux narratifs sophistiqués, sulfureux, teintés de mystère et d’ambiguité. Des petits bijoux d'humour noir, empreints de sexe, de violence.

Perfectionniste de l’image avec un sens du détail et du décor exacerbé, chacune de ses photos capture un détail étonnant, insolite, que souligne une force narrative oscillant entre le réalisme poétique et le surréalisme (Man Ray inspirera beaucoup Bourdin). Son travail évoque celui de Magritte, de David Lynch, ou encore d’Edward Hopper dont les paysages figés et la solitude des êtres résonnent avec l’univers du photographe.

La collaboration de Bourdin avec le magazine Vogue débute dans les années 50. A cette époque, la photographie de mode reflète l’optimisme et le consumérisme des années post guerre. Bourdin va bousculer la photo de mode et initier le caractère novateur et audacieux de Vogue, en brisant le caractère conventionnel et conservateur des photos réalisées à cette période. La collaboration entre le photographe et le magazine durera 30 ans.

En parallèle, Guy Bourdin s’essaie à la publicité et devient le photographe attitré de la marque Charles Jourdan à partir de 1967. Ses photos pour la marque de chaussures marquent les esprits : il est le premier photographe de mode à raconter des histoires, à amener une dimensions narrative dans la publicité en plaçant le produit au cœur de la narration et le consommateur en situation de voyeur. C’est là toute la magie de son talent.

Dans les années 1980, l’avènement du politiquement correct convient mal au style sulfureux et provocateur de Bourdin qui cesse peu à peu de travailler pour Vogue et la publicité.

Aujourd’hui encore, le photographe ne cesse d’inspirer. Son influence a été et reste majeure. Jamais avant lui un photographe de mode n’avait su bousculer à ce point les conventions.

Voici quelques photos que j'adore :

Photos parues dans le Vogue français :


Publicités pour Charles Jourdan :

2 commentaires:

  1. Rien à redire, très belle ode à ce photographe d'art, ce génie de la couleur !

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  2. Merci beaucoup Nicolas pour votre commentaire !

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